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Charles Piguet 1930-2012

Hommage à Charles Piguet

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Charles Piguet 2 juin1930 – 29 juillet 2012

 A fin juillet, Charles Piguet nous a quittés dans la foi à la Résurrection. Il avait 82 ans. Sa vie de «permanent» du Réarmement moral avait commencé après avoir passé sa maturité en 1948. Il avait reçu un appel intérieur impératif de faire confiance à Dieu pour apporter sa contribution au renouveau de la société. Adieu les études de médecine.

A Caux il décida de se joindre à la cohorte de jeunes Suisses vibrant pour bâtir un monde meilleur après la terrible épreuve de la guerre. Homme de contact, Charles attendait de ses interlocuteurs qu’ils fassent un pas décisif dans leur vie vers des critères moraux précis. Que ce soit en Afrique, au Congo ou en Erythrée, en Italie ou en Belgique, sans oublier la Suisse dont il parlait avec précision les trois langues, son message ne variait pas : Allez de l’avant, le monde attend de vous que vous soyez un bâtisseur.

En Erythrée, pays déchiré par les tensions inter-tribales et colonisé par l’Italie, oublié par ce qu’on appelle la «communauté internationale», Charles participa à une campagne de réconciliation qui l’amena à rencontrer des jeunes militants de l’indépendance. Parmi eux Ahmed Surur et Osman Shum qui furent des compagnons fidèles de Charles au fil des ans. Dans les années 70 il les invita à venir en Italie pour y apporter le message du Réarmement moral. Ensemble ils rencontrèrent des industriels, des syndicalistes, des magistrats impliqués dans la lutte anti-terroriste. Les deux amis d’Erythrée trouvèrent en Charles et sa famille une amitié solide qui dure encore aujourd’hui.

En Belgique, Charles participa à la «table ronde» des chefs du Congo, pays dont la Belgique préparait dans la hâte une indépendance qui s’avérera ratée. Pourtant, plusieurs de ces patriotes congolais s’engagèrent pour un pays réconcilié. Ainsi François Lwakabanga qui sera le gouverneur de la province du Kasai un an plus tard. Charles lui avait appris à commencer ses journées par une méditation salutaire. On en parla dans les émissions de la Radio nationale qui se poursuivirent pendants près de deux ans et que Charles avait lancées à la demande du ministre de l’Information.

En Suisse, Charles fut responsable des éditions de Caux. Ecrivain engagé, ses ouvrages témoignent d’une pensée profonde et diverse. La liste des livres qu’il écrivit est éloquente à ce titre : Apprentissage de la faiblesse 2010, Guerres sans violences 2006, Une randonnée en solitaire 2002, Liberté pour le Zaïre 1991, Ce monde que Dieu nous confie (avec Michel Sentis) 1979. Toujours, ses livres visaient des lecteurs précis à la recherche d’un monde meilleur. Gardons-nous d’omettre la part importante de l’appui de son épouse Jacqueline dans la rédaction d’ouvrages aussi variés. Leur message demeure.

La caractéristique de la vie de Charles, nous dit un pasteur, n’est-elle pas qu’il savait s’intéresser aux gens? Une infirmière de l’établissement où il passa ses derniers jours souligne que «jamais nous n’oublierons Monsieur Piguet». Dernière conversation entre amis Jacqueline Piguet, Vevey A la question «que reste-t-il quand on s’en va?» Charles a répondu : «les bouts de chemin qu’on a faits avec quelqu’un.»

 Témoignage lors du culte du 2 août à Vevey Ahmed Surur, Genève J’ai rencontré Charles pour la première fois en 1969 quand il est venu participer à la conférence internationale sur le Réarmement moral à Asmara, capitale de l’Erythrée. Le fait que Charles parle couramment l’italien a beaucoup facilité le contact avec la population qui parlait encore cette langue suite à la colonisation de leur pays par l’Italie. Le courant s’est tout de suite bien installé entre nous. L’une des tâches de Charles était de traduire ces conférences d’anglais en italien et vice versa. Durant la conférence avaient lieu des rencontres privées, dont l’une avait été organisée par mon père dans notre maison. Elle réunissait un grand politicien, M. Omar Gadi qui luttait pour le droit à l’autodétermination de l’Erythrée annexée à l’Ethiopie contre son gré, et Rajmohan Gandhi, petit fils du Mahatma Gandhi. Omar Gadi, a parlé pendant plus de deux heures en italien et Charles traduisait en anglais. Le politicien parlait de l’injustice que l’Erythrée subissait sous la domination éthiopienne. Rajmohan Gandhi a écouté sans jamais intervenir. A la fin de la rencontre il s’est levé et a serré la main de M. Gadi en ne prononçant que ces mots : ‘’thank you’’. Charles répétait à tous que cette rencontre était une leçon d’écoute sur la souffrance de l’autre qui avait simplement besoin d’être écouté.

Rajmohan devait rencontrer quelques jours plus tard l’empereur Hailé Sélassié à Addis Abeba et lors de leur entretien, la question de la réconciliation fut soulevée.

En 1972, Charles m’a écrit pour m’inviter à venir en Suisse suivre une formation sur le RAM en travaillant avec lui entre l’Italie et la Suisse. Pendant deux ans, je fis à ses côtés plusieurs voyages en Italie accompagné de temps en temps par Jacqueline et Etienne qui commençait son école primaire. Nous avons rencontré des industriels, des étudiants et des familles. Au Vatican des cardinaux.

Durant cette période j’habitais entre Caux et le foyer des Piguet à Clarens où j’étais traité comme un membre de la famille à part entière. J’ai beaucoup appris pendant ces quelques années.

En 1975, je décidai de continuer mes études universitaires à Rome. Après un séjour de quelques mois j’ai dû quitter mon logement et chercher un autre endroit pour vivre. Quand j’en ai parlé à Charles il a pris des contacts et m’a trouvé une belle chambre où je suis resté trois ans, jusqu’à la fin de mes études. Par la suite, je suis revenu en Suisse pour approfondir mes études à Genève. Il me fallait trouver une bourse mais ce fut sans succès. Lorsque Charles l’apprit il me demanda où j’avais déposé mes demandes et leur écrivit à son tour pour appuyer mon dossier. J’ai ensuite été convoqué pour une entrevue. Quand je me suis présenté le monsieur m’a montré une lettre en me disant : ‘’Ceci est le plus important’’. C’était la lettre de Charles. J’ai ainsi obtenu une bourse pour deux ans grâce à lui. Charles était pour moi un ami, un grand frère, un père qui était toujours là pour moi. Cela représentait beaucoup de l’avoir eu à mes côtés surtout au début de mon séjour en Europe. Cette relation d’amitié a duré jusqu’aux derniers jours avec Charles et Jacqueline.

Extrait du message d’Osman Shum, ami érythréen de Charles :Osman se souvient plus particulièrement d’un événement qui a lieu à Asmara en juin 1974. Charles avait été invité à souper avec Osman et son père dans leur maison, mais le père d’Osman était mort tragiquement cet après-midi là, victime d’un assassinat. L’Erythrée vivait alors une période de troubles, la guerre civile faisait rage et l’armée éthiopienne s’apprêtait à renverser l’Empereur. La cérémonie funèbre pour le père d’Osman eut lieu dans sa ville natale de Keren, à environ 90 kilomètres d’Asmara. Charles avait entrepris ce voyage dangereux pour être avec Osman et le réconforter.

Langue de l'article

Français

Type d'article
Année de l'article
2012
Autorisation de publication
Non établi
L'autorisation de publication fait référence aux droits de la FANW de publier le texte complet de cet article sur ce site web.
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