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Marlies Von Orelli 1918-2012

Avis de dècés ZigZag 1997_12

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Zig-Zag.ch Décembre 1997 Rédaction de Zig-Zog: Renée Stahel Maya Fiaux Anne-Katherine Gilomen

Je me demande parfois ce dont nos communautés, notre équipe ont le plus besoin. Que ce soit au travers de mes lectures ou autrement, il m'a semblé que nous avons besoin de pères et de mères. Cela concerne également les célibataires! Le fait que ma génération devient progressivement la plus ancienne n'est peut-être pas étranger à ce sentiment. En lisant le livre de Henri Nouwen inspiré par 1;1 peinture qu'a faite Rembrandt de l'enfant prodique, j'ai été frappée par r les phrases suivantes: "Rembrandt m'a fait prendre conscience que ma vocation finale est, en effet, de devenir semblable au père et d'imiter sa miséricorde divine dans ma vie quotidienne. Bien que je sois et le fils cadet et le fils aîné, je n'ai pas à le demeurer, mais à devenir le Père ... , Chaque fils et chaque fille doivent choisir =: sciemment de quitter l'enfance, avant de devenu père et mère pour d'autres." "Cela fait du bien de pouvoir dire: 'Ces fils me ressemblent' ... Mais est-ce. que je veux être comme le père? Non seulement celui à qui on pardonne, mais aussi celui qui pardonne ... celui qui accueille ... celui qui offre la miséricorde?" Pour moi cela pourrait signifier: écouter, encourager, peut-être donner une fois un conseil. Occasionnellement même corriger? Ou bien avonsnous trop fait cela pendant un certain temps? Qu'en pensez-vous? C'est un pro~amme qui me dépasse totalement, que seul Dieu peut mettre en oeuvre.

Renée Stahel Nous vous souhaitons de trouver le temps de fêter, de vous réjouir et peut-être même d'avoir quelques moments de réflexion pendant les journées qui viennent! Un cordial Joyeux Noël. Une perle Dde Lucette Schneider, Gland "Au moment de prendre ma retraite, j'ai décidé de rayer un mot de mon vocabulaire: le mot vite!" Lettre dúne lectrice,Vreni Gonzenbach, Uster La pensée que j'le réseau 'de l'amitié doit être renforcé entre nous" me préoccupe depuis longtemps; je viens de prendre conscience du fait que cela peut se passer via Zig-Zag, J'avais souvent l'impression que seuls les articles de très haut niveau étaient les bienvenus. Le quotidien,' mon quotidien n'offre pas cela. Il y a une façon de se montrer ouvert envers le prochain que l'on rencontre, que Dieu utilise pour répandre des impulsions vivifiantes. Je pense que nous avons aussi besoin de cela entre nous. Ce sont les petites attentions qui nous donnent le sentiment d'appartenance réciproque. Cet été à Caux, j'ai vécu un peu plus de ces relations franches, entre nous Suisses, j'en suis très reconnaissante

ADIEU A MARLIES Lotti Spreng, Gümligen Le service funèbre pour Marlies von Orelli eut lieu le 13 octobre. Je suis reconnaissante d'avoir pu y participer. Marlies était pour moi une "fausse belle-soeur" très chère et stimulante. Elle ne manquait pas de lutter pour ce qu'elle considérait juste. Pendant la cérémonie, sa vie fut retracée par ses filles et ses gendres. On cita ses chants préférés tirés du psautier ainsi que de nombreux passages de la Bible qui avaient pour elle une signification particulière. On mentionna son amour pour la nature, pour sa parenté et son engagement pour d'autres êtres humains.

Enfin sa nature vraie et son combat avec elle-même en relation avec Dieu furent dûment soulignés. connaissent le Réarmement moral; la plupart d'entre eux sont déjà venus à Caux. Rut Simankova nous ade nouveau mis son appartement à disposition, les Hajek vinrent nous chercher à l'aéroport et nous y ont reconduites, plusieurs amis nous ont fourni de la nourriture, il y eut surtout des invitations et des visites. Ce fut une période de grande richesse. Nous avons rendu visite à une amie à l'hôpital, une autre nous montra chez elle ses créations textiles. Magdalena Kaplanova, une jeune femme qui séjourna plusieurs fois à Caux ces dernières années, nous parla avec grand enthousiasme de la visite imminente d'un choeur de jeunes Russes, dont la directrice avait été à Caux, où elle avait fait sa connaissance. Elle put leur organiser quelques concerts dans différentes églises. Il en résulta presque une action oecuménique, puisque une église catholique, une église évangélique et une église orthodoxe participèrent à l'événement. Elle espère que ces concerts pourront un peu diminuer le fossé existant entre Tchèques et Russes. Les nouvelles conditions de vie dans le pays ne sont pas faciles. Mais nous avons aussi. constaté que l'on peut acheter beaucoup plus que par le passé, par exemple des fruits et des légumes. Et de nombreux habitants de Prague ont gardé une grande gentillesse! Ni le tram ni dans le métro n'ont-ils laissé debout une dame à cheveux .•• blancs! TI se trouva toujours quelqu'un pour offrir sa place. Les programmes d'actions du RAM (par exemple un séminaire de "Fondations for Freedom") a passé dans les mains de la jeune génération. Cela est très encourageant pour l'avenir. LETTRE D'ARGENTINE Hanni Blundell, La Tour de Peilz Durant les deux dernières conférences d'été trois jeunes femmes d'Argentine étaient à tour de rôle à Caux pour toute la durée de la conférence. Elles étaient occupées dans l'économat et la cuisine. Il s'agit de Florencia, Alejandra et Pilar qui toutes trois travaillaient dans la section "banquets" d'un des meilleurs hôtels cinq étoiles de Buenos-Aires. Toutes les trois ont quitté Caux avec de riches expériences. Voici ce que l'on peut lire dans une récente lettre: "Je crois que nous trois ensemble, 3 nous faisons un bon travail avec notre chef. A Caux, nous avions parlé des difficultés que nous pourrions rencontrer à vivre l'esprit de Caux dans le courant de ce qu'exige de nous la société moderne. Parfois la vie est difficile, lorsque tant d'engagements semblent ne pas me permettre de vivre complètement et aussi de jouir de la vie. Mais alors quelque chose me montre que tout a sa justification au bon moment. Cela se passe lorsque je réfléchis et que j'ai la volonté et la possibilité de changer. Je sais que c'est là que réside.le secret et je me sens à nouveau pleine de VIe. INTERVIEW DE yRENI GONZENBACH Marielle Thiébaud, Lausanne En passant à la librairie de Caux, je remarque une série de photos hors du commun. D'où viennent-elles? On me cite le nom de Vreni Gonzenbach. Je me mets à sa recherche. Plutôt grande, d'allure distinguée, se tenant bien droite, beau visage ovale auréolé de cheveux blancs, la voici, à 7h. du matin ... dans le local d'épluchage des légumes. Zig-Zag: Il paraît que ces belles cartes avec des vues de Caux sont de vous. Etes-vous photographe professionnelle? Vreni Gonzenbach: - Non. Mon action de cartes-photos, commencée il y a bien des années, était (et est) quelque chose d'absolument personnel et intime. Tout d'abord, je l'avais pensée pour les permanents, comme une contribution à leur activité et pour faciliter leurs relations. Peu à peu, le cercle s'est agrandi ... Mais il faut dire , que ces cartes, on ne pouvait ni les commander, ni les acheter. ZZ: Mais est-il vrai que vous avez offert les. négatifs à la librairie de Caux? Combien? V.Go.: Oui, l'année dernière, j'ai décidé de donner mes meilleurs négatifs à la librairie. J'en ai apporté 60, et 60 cartes montées prêtes à vendre, si elles trouvaient preneur. En 1997, j'ai apporté encore mes arcs-en-ciel. ZZ: Avez-vous encore des activités? V.Go.: J'ai un logement d'une pièce. A part mon ménage, je reçois ou fais des visites. Ma correspondance représente environ 500 lettres par an. ZZ: En vous trouvant ici de si bonne heure, estce que j'ose vous demander votre âge et pourquoi vous travaillez ainsi? V.Go: J'ai 89 ans et je suis ici our aider où cela m'est encore possible. ZZ: Depuis quand connaissez-vous Caux". nous voyons un vallon verdoyant, à son sommet une ruine antique de couleur ocre et dans son ombre un troupeau de brebis. En quatre jours, nos pieds et nos esprits, _ rencontraient 2000 ans d'histoire. Nos voix ont chanté l'éternelle recherche de Dieu à travers le cœur des hommes. Les quatre thèmes de l'Oratorio sont: Le glaive, le choix, le miracle et la victoire, celle de Dieu quand l'homme écoute et qu'il obéit. L'église de St Louis des Français était pleine, l'Ambassadeur du Canada et celui de la France auprès du Saint Siège présents, ainsi que des personnalités ecclésiastiques. Je suis revenue riche d'appartenir à ces 2000 ans d'histoire, riche d'un parapluie et le cœur en fête! NOUS DEMENAGEONS Daniel et Monique Mottu, Genève Aprsè vingt ans passés dans notre bel appartment au Cours des Bastions, que beaucoup d'entre vous connaissez, voici venu le moment de déménager. Nous avons trouvé un logement qui nous convient tout à'fait aux portes de Genève. Dès le 8 janvier, nos coordonnées sont les suivantes: 3A, chemin Prédu-Couvent, 1224 Chêne-Bougeries, tél/fax: 0223496808. Nous pensons avec gratitude à Madeleine Borel, puis à ses héritiers qui, par un loyer adapté à notre situation, on fait en sorte que notre foyer genevois puisse prolonger et épauler la tradition d'accueil de Caux. Combien d'entretiens passionnants ont eu lieu dans ces murs. Nous' sommes heureux de penser que nous pourrons continuer dans cette voie, à une échelle plus 5 modeste. Un autobus nous relie au centre ville et à la gare en 18 minutes. Qu'on se le dise! NOUVELLE ADRESSE Au pied de la montagne de Caux une grande voyageuse fait halte! Après 45 années de semailles et moissons en Amérique Latine et aussi en Europe, Hanni Blundell s'installe dans un appartement qui regarde notre pays! Au Chemin du Vallon 55, 1814 La Tour-de-Peilz 0219449560 E-mail: HBLUNDELL@compuserve.com ATTENTION: L'ancien numéro de téléphone de Caux: 021 963 48 21 ne fonctionne plus correctement. Veuillez s'il vous plaît utiliser le numéro plus récent (qui a été installé il y a quelques aimées): 021 9629111 D'autre part, pour toute question concernant l'utilisation de la Villa Maria, prière de contacter Ulrike Keller. A-DIEU Deux fidèles amies viennent de nous quitter. Le 24 novembre ont eu lieu les funérailles de Dorli Hahnloser. Elle avait eu plusieurs attaques et ne pouvait plus parler, mais son fils Ueli pense qu'elle comprenait plus qu'on ne l'imagine. C'est le 17 novembre qu'elle s'est éteinte. (Adresse de la famille: Boglerenstrasse 55a, 8700 Küssnacht) Peu après, le 19 novembre, s'en est allée Margreth Hunziker-Hâberli, après une longue maladie. (Adresse de Franz: Hornstrasse 6, 8714 Feldbach) Nous reviendrons sur la vie de ces deux femmes dans le prochain Zig-Zag. Renée Stahel. Bernstrasse 74, 3072 Ostermundigen, tél: 031/931.52.85 Maya Fiaux, Rue de Lausanne 15, 1028 Préverenqes. tél. :021/803 48 51, fax: 021/8034852 E-mail:JMFiaux@compuserve.com - Anne-Katherine Gilomen Staldenstrasse 13 a, 3322 Schônbühl/ BEtél./fax 031/859 6424 E-mail: AKGilomen@compuserve.com CCP 18-16365-6

 

 

 

A LA MEMOIRE DE MARLIES VON ORELLI-WENNER (7 juillet 1918 - 3 octobre 1997) Pour le service religieux du 13 octobre à l'Eglise de St-Luc à Lucerne, j'avais noté différentes choses en rapport avec la vie de maman. Monica et Folker ont retravaillé ces notes avec Christoph et moi, et le Pasteur Alfred Kunz (que nous remercions ici tout spécialement pour sa prédication empreinte de joie, de consolation et aussi de mise au défi, ainsi que pour l'organisation du service religieux) nous a demandé à tous les quatre de lire ces textes à l'église. Voici quelques passages de mes notes

 Marianne Spreng Une vie de plénitude, avec "ses hauts et ses bas" Notre mère, Marlies Hildegard Ella Wenner, est née à St-Gall le 7 juillet 1918, au moment même où déferlait une vague de grippe. Sa grande soeur la dépeint comme une enfant affectueuse et gaie, aimant la nature et le mouvement. Elle entendit un jour la petite Marlies chuchoter à une mouche posée sur le bord de sa chaise "S'il te plaît, s'il te plaît, chère petite mouche, sauve-toi maintenant!" Elle était aussi passionnée de lecture, et dévorait les livres.

Encore enfant, elle faisait preuve d'indépendance et tenait la conversation, au salon, avec les compagnons de danse et admirateurs de ses soeurs, de 9 et 11 ans plus âgées. "Une vraie petite dame", selon sa soeur. Son père, qui était pédiatre, s'entendait particulièrement bien avec elle. Il la prenait en courses de montagne, elle, la plus jeune, si joyeuse. Elle avait neuf ans lorsque son père décéda subitement.

L~ famille déménagea chez la grand-mère, à la Dufourstrasse. Elle aimait vivre dans cette petite maison du Rosenberg, avec sa grand-mère, sa mère et ses soeurs. C'était un foyer où l'art, particulièrement le chant et le théâtre, jouaient un grand rôle. Après le collège et divers cours "utiles", notamment un cours de "cuisine moderne et soignée" achevé avec la mention "bien", elle suivit une formation en gymnastique et en gymnastique curative à Berlin et à Zurich. Elle exerça sa profession dans diverses cliniques et établissements hospitaliers. Le médecin-chef à l'Hôpital de Rüti attesta dans son certificat: "personne de confiance et adroite, établit de bons contacts".

En 1943, elle se fiança avec le zurichois Konrad Von Orelli, un étudiant en droit. Suivit une vie mouvementée: en 1946, mariage à la chapelle de Caux, avec la valse de mariage dans la salle de bal de l'ancien Caux-Palace, un bâtiment que tous deux, dans un élan qu'ils partageaient avec beaucoup d'autres, avaient aménagé en centre de conférence au cours des mois précédents. En 1947 leur fille Marianne vit le jour, suivie de Monica en 1949. De 1948 à 1960, notre famille vécut à Berne à différentes adresses. Notre maman était une mère joyeuse, sportive; elle jouait avec nous, chantait beaucoup, et c'était merveilleux de l'entendre raconter ou lire des histoires. Elle répondait avec patience à nos mille questions et admettait franchement quand elle ignorait la réponse. Son tempérament vif conduisait parfois 2 à des éclats, plus fréquents alors que par la suite. Mais ce qui faisait du bien, c'est qu'elle pouvait s'excuser sincèrement, même auprès de ses enfants, une fois la tempête passée.

A cette époque elle participa à des campagnes du Réarmement moral au Nigeria, en Scandinavie et en Grande-Bretagne. En 1960 nous nous installâmes à Caux au "Castelet", cette petite maison aux volets verts. En 1965, déménagement à Lucerne. Maman s'est bien adaptée à ce changement, mais en 1968 débuta un nouveau chapitre, inattendu et douloureux: papa était atteint d'un cancer du sang peu commun. Et en 1971, au retour d'une visite à l'hôpital, maman fut victime d'un grave accident de voiture, avec brûlures, fractures et diverses blessures. Hospitalisée durant une année et demie, elle réapprit progressivement à respirer, à voir, à parler, à chanter et même, à l'étonnement de tous, à marcher. Durant les vingt années qui suivirent, le rythme de vie de nos parents fut marqué par la maladie et l'invalidité.

Maman avait conservé sa gaîté, son énergie, sa vitalité, son sens de l'hospitalité; sa personnalité avait été comme purifiée par l'épreuve. Le décès de papa, en juin 1992, la frappa de façon déchirante, mais là aussi elle parvint étonnamment vite à retrouver une ViE!de plénitude. En mai 1994, elle fut atteinte d'un infarctus et d'une rupture de l'aorte. Pendant des mois, elle demeura aux soins intensifs puis dut se soumettre de nouveau à des mesures de réadaptation, à Montana. Une fois de plus il lui fallut réapprendre à respirer, à s'asseoir, à marcher, à parler, à prier et même à chanter. (Mais cette fois cela sonnait tout de même un peu plus rauque!) En 1996, elle déménagea au foyer pour personnes âgées "Wohnheim Wesemlin". C'est là qu'elle s'est endormie paisiblement, le 3 octobre, après quelques jours de dur combat contre l'étouffement et la douleur. Dans sa petite Bible de poche, élimée par l'usage, nous avons trouvé de nombreux passages soulignés. Quelques-uns étaient même marqués d'un trait épais ou double. Ainsi, dans l'Epître aux Galates, chapitre 5, verset 22: "Voici le fruit de l'Esprit: amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi." C'est à cela que maman s'est consacrée.

Elle avait quitté la maison familiale très tôt, s'était engagée activement dans sa profession, était de nature indépendante et ouverte à la vie. Elle ne s'était pas sentie particulièrement attirée par un Dieu chrétien, mais avait un profond respect de la Création. Parlant du jeune étudiant qu'elle aimait, Koni von Orelli, débordant d'enthousiasme, elle trouvait qu'il avait "des idées vraiment folies", avec ces gens des Groupes d'Oxford "qui sont toujours à lire la Bible!" - "Avec des idées si totalement différentes des miennes ...". Et pourtant, quand il lui demanda de devenir sa femme, elle sut aussitôt avec certitude qu'elle répondrait "oui". Elle était prête à partager sa vie. Par amour, elle désirait saisir le feu qui l'animait, découvrir sa vocation. Cela a pris du temps. Tranquillement et sans façons, elle se mit à faire la connaissance de Dieu et du Christ. Dans sa recherche, elle fut aidée par les nombreux cantiques que papa, comme fils de pasteur, connaissait et chantait volontiers. Bien qu'elle en eût peu parlé, elle nous a aussi aidés, ses enfants, à trouver le chemin de la foi.

Après son accident, lorsqu'elle émergea d'un coma qui avait duré des semaines, ce furent ces cantiques qu'elle demanda à entendre pour retrouver le courage de vivre. Un autre passage qu'elle avait souligné se trouvait au Chapitre 12 de l'Epître aux Romains, versets 9, 10 et 12: "Que votre amour soit sincère. Fuyez le mal avec horreur, attachez-vous au bien. Que l'amour fraternel vous lie d'une mutuelle affection." Maman cherchait à rester fidèle à cela. Elle ne disait que ce qu'elle tenait pour juste et vrai. Elle était prête à nager à contre-courant, à défendre son point de vue (ce qu'elle faisait d'ailleurs admirablement!), par exemple au sujet de l'éducation des enfants et dans bien d'autres domaines. Un jour, pour apprendre que chaque être humain a une valeur unique, on s'était 3 préparé intensément à accueillir pour le thé "une âme royale". Tandis que toutes endimanchées nous faisions le guet à la fenêtre, maman se précipita vers une vieille connaissance de la famille, l'accueillit solennellement et l'invita à partager toutes nos friandises. A la question: "Quand donc viendra l'âme royale?" maman répondit simplement: "Elle est là!" "Que l'amour fraternel vous lie d'une mutuelle affection." Sur ce point aussi maman a voulu être fidèle. Elle a toujours donné son coeur: à son fiancé et plus tard à son mari, spécialement durant ces longues années de maladie, et à beaucoup, beaucoup d'autres. Elle était aussi très liée avec ses soeurs aînées et leur famille.

Au fil des décennies, beaux-parents et belles-soeurs, et leur famille, sont devenus de vrais amis. Gagner une discussion ne l'intéressait guère. Construire une relation vraie, malgré des opinions divergentes, tel était son dessein, et souvent elle y parvenait. Des amis et connaissances de maman nous ont écrit: "Son courage inouï, sa voix, son rire joyeux, fruit d'un merveilleux sens de l'humour, tout cela demeure présent - profonde reconnaissance." Et une autre lettre: "Je me souviens bien de ses interventions dans les groupes de discussion. C'était direct et d'un réalisme rafraîchissant, que venait compléter la profondeur pleine d'imagination de Koni." Une amie de l'époque de ses fiançailles écrit: "Quand nous étions ensemble, ce n'était jamais superficiel. On pouvait s'ouvrir à elle sans réserve. Sa foi et sa piété s'exprimaient à travers son amour de la vérité." Dans une autre lettre nous lisons: "Dépourvue de toute sentimentalité elle était en mesure de me conseiller, elle me prenait au sérieux et était pleine de compréhension. Elle était profondément sensible à l'authenticité." Nous autres, les enfants, revoyons le fil d'une vie façonnée par sa foi directe et honnête, par sa capacité d'être à l'écoute des autres, par sa disponibilité. Nous nous souviendrons toujours avec quelle force elle pouvait exprimer sa joie ou son mécontentement. L'expression de son visage indiquait déjà à son vis-à-vis ce qu'elle pensait de lui et de ses idées. Elle pouvait aussi construire des relations par le simple rayonnement de son regard et la clarté de son rire. Nous sommes infiniment reconnaissants Pour cette vie de plénitude.

Et maintenant, encore quelques mots sur l'année et demie qu'elle a passée au foyer "Wasmeli" (comme l'appellent les lucernois). Ce fut un chapitre pour soi. Durant ces derniers mois, elle s'exprimait de façon très directe et sans fard, sans le filtre des formules de politesse. Lorsque la douleur devenait insupportable, il lui arrivait de crier tout haut: "Mischt! (fumier!)". Et une fois elle ajouta même: "Saloperie de fumier! et le Seigneur peut bien l'entendre aussi." Mais elle savait aussi exprimer sa reconnaissance: "Que je suis bien entourée ici. Ils prennent si bien soin de moi." Elle jouissait de la vue sur les grands vieux sapins devant sa fenêtre, avec une multitude de petits oiseaux. Finalement elle s'était même liée d'amitié avec les chats. "Vois-tu, me disait-elle, on n'est jamais trop vieux pour apprendre quelque chose!" Lorsque sa respiration est devenue plus difficile, notre voix s'est faite automatiquement plus douce au moment de prier ensemble le "Notre Père". "Mais on n'entend plus rien", protesta-t-elle, "prie donc un peu plus fort!" Même lorsqu'elle n'eut plus la force de dire toute la prière avec nous, son "Amen" résonnait, presque toujours, clair et sonore.

Nous ne savons pas ce qu'elle a perçu, tout à la fin, des versets bibliques lus à son chevet et de nos chants, ni ce qui du fond de son coeur montait vers Dieu. Le soir du 3 octobre, après lui avoir chanté son chant favori "Herr bleibe bei uns" (Seigneur, reste avec nous), j'ai continué avec: "Oh! wie wohl ist mir am Abend" (Oh! qu'on est bien le soir ..., ce canon qui parle des cloches qui appellent au calme le soir). Et à la 4 fin du dernier couplet elle poussa un gros soupir, pencha la tête de côté et s'endormit pour toujours - juste avant que la clochette du couvent capucin voisin annoncé la tombée de la nuit. A la fin du service religieux, nous avons chanté tous ensemble le chant "Prends en ta main la mienne", qu'elle demandait si souvent, spécialement les derniers temps. Prends en ta main la mienne, et guide-moi! Que ton bras me soutienne, je suis à toi! Sans toi je ne puis faire même un seul pas. Prends-moi donc, ô bon Père, entre tes bras. Enrichis de ta grâce mon pauvre coeur: pour moi son prix surpasse joie et douleur. A tes pieds se repose ton faible enfant. Je ne sais qu'une chose: vivre en croyant. Lorsqu'en sa bienveillance mon Dieu m'instruit, vers le but je m'avance, même en la nuit. Prends ta main en la mienne et me conduis; que ton bras me soutienne, car je te suis.

Fin novembre 1997 Chers amis, Beaucoup d'entre vous avez connu notre mère. Pour moi, deux choses sont importantes: tout d'abord, la gratitude pour notre mère - et naturellement aussi pour notre père. Certes, comme probablement tous les parents, ils ont aussi parfois commis des erreurs. Mais maman était honnête dans ses décisions et fidèle à ses convictions. L'opinion des autres ne semblait guère l'intéresser. Peut-être est-ce aussi en partie cela qui lui a donné la force de surmonter les hauts et les bas de la vie. Cela m'amène au deuxième point: nous voudrions vous remercier tous du fond du coeur. C'est seulement grâce à vos prières, votre fidèle amitié, vos visites, votre appui sous les formes les plus diverses, que notre famille a pu vivre, et cela dès le départ. C'est ainsi que la famille tout entière, spécialement nos parents et nous deux, avons pu traverser des temps difficiles. Le 13 octobre, nous n'avons pas pu, après la cérémonie, parler comme nous l'aurions souhaité avec bien des personnes que nous avions aperçues à l'église. Nous voudrions vous remercier aussi de votre amitié et de votre fidélité. L'expression chaleureuse et profonde de votre compassion qui nous porte restera gravée, avec reconnaissance, dans notre coeur.

Monica et Folker Mittag - von Orefli Nous nous joignons de tout coeur à ces paroles de remerciement et nous réjouissons de vous retrouver bientôt et de pouvoir continuer à travailler avec tant d'entre vous. Avec nos salutations pleines de reconnaissance et nos voeux les meilleurs pour une paisible période de l'Avent, un Noël joyeux et lumineux et une nouvelle année bénie par Dieu. Marianne et Christoph Spreng - von Orefli

Langue de l'article

Français

Type d'article
Année de l'article
1997
Autorisation de publication
Accordé
L'autorisation de publication fait référence aux droits de la FANW de publier le texte complet de cet article sur ce site web.
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