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Regula Borel (1949-1992)

Hommage à Regula Borel

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Regula Borel 30.9.49 - 15.12.92

 Chère Regula, Tu nous as quittés et c'est probablement mieux ainsi. Tu as eu tellement mal ces derniers temps. A chaque fois qu'on croyait la souttrance vaincue d'un côte, elle réapparaissait ailleurs. Tu étais tres brave et ce n'est que si nous insistions que tu admettais que tu avais par moments des douleurs intolérables. Nous savons que nous ne devons pas étre égoistes. Mais pour le moment, nous sommes plusieurs à passer d'une chose à l'autre parce qu'il faut bien vivre. Le coeur n'y est pas. Hier, à la Migros, j'ai vu que les amandes fumées et salees pour lesquelles tu avais une passion irrépressible étaient en action. Mon réflexe premier a été de tendre la main vers la boite.

Tant de souvenirs me prennent d'assaut. Les vacances en Italie, il y a deux ans et demi où tu allais si bien. Nous avons marché pendant des heures à Pise, Rome, Lucques et Florence. Dans cette ville, tu mitraillais les monuments avec ton appareil, étonnée de pouvoir prendre tant de photos avec un film de 24 poses. De retour à la maison, tu avais découvert que tu n'avais pas de film du tout! Il y a eu aussi cette visite audacieuse dans une boutique de jeans pour t'acheter ce pantalon dont tu rêvais, inquiête cependant de la réaction de ton fils.

Pendant longtemps. nous nous sommes mal connues. C'est Zig-Zag qui nous a rapprochées. Nos coups de fil un peu techniques se sont peu à peu allongés. Nous avons commencé à parler d'autre chose.

Et puis il y a eu ce dimanche fatidique d'août 88 où Serge est décédé subitement. Je n'oublierai jamais les 400 personnes à la salle à manger priant silencieusement pendant que les médecins se relayaient pour le ranimer.

Six mois plus tard, tu nous invitais, tes amis permanents, à une retraite. Tu craignais qu'en bons Suisses, nous serrions les dents en décidant d'aller de l'avant et d'en faire encore un peu plus qu'avant. "Qu'est-ce que Dieu veut nous apprendre au travers de certaines difficultés"? te demandais-tu. Nous en étions encore à chercher des réponses à cette question quand la chère tante Marie-Claude de Jean-Denis et Sylviane est tombée malade.Courageeuse elle a aussi continué de s'intéresser aux gens jusqu'au bout.

 Tu nous apprends bientôt que toi aussi tu es malade, et que c'est grave. Nous réagissons chacun à.notre maniere. Les révoltés, dont j'ai fait partie, empoignent le Seigneur pour lui demander où il veut en venir. D'autres proposent de prier pour la guérison, ou la paix intérieure.

Tu passes par des hauts et des bas mais tu es paisible. Ta seule véritable inquiétude est de trouver ceux qui accueilleront, le moment venu, Jean-Denis et Sylviane. Nous avons tous cherché et prié. Et faute de trouver, tu as laissé cette question de côté, confiante que la solution se présenterait. Et tu as eu raison. Des cousins éloignés, à Sion, des Borel pourtant, ont proposé spontanément d'accueillir les enfants, faisant ainsi passer leur famille à sept. Vous vous êtes tout de suite aimés et tu as pu te détendre.

Tu ne t'es jamais laissé arrêter par la maladle. Des que tu allais un peu mieux, tu reprenais le chemin de la paroisse de la Tour-de-Peilz dont tu assurais le secrétariat ou celui de Caux pour y faire ce travail aussi.

Et a grandi en toi la conviction que le moment était venu de nous rassembler à nouveau a Delemont pour une retraite. Tu nous as écrit: "J'aimerais que nous y allions les mains et les agendas vides, afin de pouvoir laisser agir le St-Esprit. Le thème que j'aimerais aborder en profondeur est celui de l'amour. Est-ce qu'il prend la place qu'il devrait avoir dans notre vie d'équipe, qu'est-ce qui nous le fait perdre et comment le retrouvons-nous?" De nouveau, tu t'étais préoccupée de ce qui faisait la trame de nos vies. Tu voulais t'assurer que nos responsabilités communes ne deviennent jamais des excuses pour ne pas soigner nos relations, guérir nos différends.

Regula, il y aurait tant d'autres choses à dire. Tu as été une collègue si précieuse pour moi (et les autres aussi bien sûr) à la Fondation. Tu avais le don de suivre les choses, de t'assurer que les décisions soient mises en pratique, et tu luttais pour la transparence.

"Qu'est-ce que Dieu veut nous apprendre au travers de certaines difficultés?" La question est plus aigüe que jamais. J'ai perdu ma révolte, et j'ai pu te le dire. Mais sinon, ce genre d'apprentissage, ce n'est pas comme d'apprendre l'allemand! C'est intérieur, on ne voit que bien plus tard ce qui s'est passé. En attendant, j'ai agrandi ma famille. A cause de ta maladie, j'y ai fait entrer la soeur de Serge, Christiane Bonhôte et son mari Olivier. Et ta soeur Barbara, qui avec Anne-Katherine Gilomen t'a veillée jusqu'au bout. Ta mère aussi, qui est devenue si proche de nous. Quant à Monika, nous avions commencé à faire plus ample connaissance à la montagne, quand nous étions ensemble avec toi et les enfants. Tu n'étais pas bien et Monika et moi partagions la mème chambre. Comme deux adolescentes, nous parlions jusque tard dans la nuit.

Demain, nous t'accompagnerons encore, mais tu es déjà dans ce mystérieux au-dela, en paix. Comme nous l'avons écrit à tous tes amis à l'étranger: "Alors que nous nous préparons à accueillir l'enfant Jésus dans nos coeurs et nos foyers, nous pensons à l'arrivée joyeuse de Regula chez elle de l'autre côté, et à l'accueil que lui feront tant de ceux qui l'ont aimée et qu'elle a aimés.

" Nous sommes très nombreux à t'avoir beaucoup aimée de ce côté-ci aussi. Ne nous en veuille pas si ici l'ambiance n'est pas très joyeuse en ce moment. Méme si c'est avec une infinie reconnaissance que nous pensons à tout ce que tu as été pour nous, pour moi. Eliane

Langue de l'article

Français

Type d'article
Année de l'article
1992
Autorisation de publication
Non établi
L'autorisation de publication fait référence aux droits de la FANW de publier le texte complet de cet article sur ce site web.
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