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Marie-Lise Odier

Mère de famille et militante

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Marie-Lise fut une femme inclassable, aspirant à un monde meilleur et engagée dès son plus jeune âge pour y apporter sa contribution toute personnelle, à sa manière faite d’empathie pour autrui et de passion pour les grands sujets contemporains. Elle fut une de ces femmes qui croient que la foi, les convictions et une vie authentique suffisent pour s’élever au-dessus de la banalité des choses, et elle avait raison. 

La française Marie-Lise Sautter naquit en 1931 à Nyon, en Suisse, un pays qui l’adoptera bien des années plus tard, d’abord à travers son engagement pour le Réarmement moral et ses nombreux séjours à Caux, ensuite à la faveur de son mariage avec Jean-Jacques Odier, un genevois avec lequel elle partagea ses idéaux pendant presque soixante années de vie commune. 

Qui aurait pu imaginer que cette jeune fille ayant quitté l’école à la fin de son collège, travaillant dès son plus jeune âge dans la ferme qui l’avait accueillie aux heures sombres de la guerre, manifesterait une telle ouverture à la vie de l’esprit, connaîtrait ce destin extraordinaire de voyages et de rencontres ? Mais Marie-Lise n’avait peur de rien, elle avait la foi, elle croyait en la grandeur de l’Homme, en sa perfectibilité pour peu qu’il voulût croire que le changement fût possible. 

Ce « changement » fut son maître-mot, une transformation sociale venue de l’intérieur que prônait le Réarmement moral, un mouvement dans lequel elle se lança corps et âme à l’aube de sa vie adulte, un pied de nez à la course aux armements qui avait précipité la seconde guerre mondiale et s’amplifierait avec la guerre froide, un juste contrepoids aux luttes d’indépendance, aux guerres impérialistes et aux conflits de classes. Car, en était-elle intimement convaincue, on ne change vraiment le monde qu’en commençant par le cœur de l’homme. Cet engagement la conduisit vers les quatre horizons, du Vietnam où elle séjourna plusieurs mois puis en Afrique de l’Ouest, en Inde et surtout à Caux, le centre de conférences du mouvement dont elle devint un pilier, alternant ses témoignages d’expériences intimes et de foi devant un public cosmopolite et son indispensable contribution à la logistique et l’intendance de la machine à ouvrir les cœurs.

Et, si cela était encore possible, Marie-Lise se bonifia avec l’âge, ajoutant plus de douceur et de tolérance aux convictions morales des premières heures, rassurée et fortifiée par ses années de vie commune avec Jean-Jacques et la naissance de ses deux fils et quatre petits fils.

Marie-Lise était une force de la nature harcelée par mille affections indétectables pour ses proches et même pour la science. Qu’elle aille voir un docteur et l’invariable réponse ne tardait pas : « Madame Odier, vous êtes en pleine forme ! Vous avez une excellente mine et vos examens médicaux ne révèlent rien ! » Le manège se répéta inlassablement jusqu’à sa quatre-vingtième année, jusqu’aux dernières semaines où l’ultime et élusive maladie qui la clouait au lit se déroba une fois de plus aux prélèvements sérologiques. Et pourtant elle continua de lutter farouchement contre l’affection secrète comme le relevèrent plus tard les tests antigéniques : le sang de Marie-Lise regorgeait d’anticorps, peut-être les symboles de sa résistance, de sa résilience et de sa foi inébranlable dans le genre humain.

Texte de Jean-Noël et Philippe Odier, ses fils

Année de naissance
1931
Nationalité
France
Pays de résidence principal
Switzerland
Année de naissance
1931
Nationalité
France
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