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Heinrich Karrer-Gutzwiller (1924-2014)

Hommage à Heinrich Karrer

Heinrich Karrer-Gutzwiller 21 juillet 1924 - 4 juin 2014

 Heini Karrer est né le 21 juillet 1924 à Teufenthal, au sein d’une famille d’industriels argoviens. Son père et son grand-père avaient créé des entreprises florissantes. L’une d’elles occupait une bonne partie des gens du village. Parmi les autres, une fabrique de robinetterie est aujourd’hui encore leader du marché en Suisse.

En tant que fils unique, Heini fut un enfant choyé plutôt qu’élevé, et jouit d’une enfance heureuse. Mais cela ne facilita guère sa formation scolaire. Par des chemins détournés il aboutit à l’École de Commerce de Lausanne puis à la Haute École de Commerce de St-Gall, où il obtint sa licence en sciences économiques. Durant cette période, des événements allaient jouer un rôle décisif dans la vie de Heini. D’abord le décès de son père qui l’aurait amené tout naturellement, comme chacun s’y attendait, à prendre la suite de son père dans l’une des entreprises du groupe.

Dans la même période, il entra en contact avec un groupe d’amis de Caux, le Centre du Réarmement Moral nouvellement créé après les années de guerre, durant lesquelles les Suisses avaient vécu très à l’écart du reste du monde ; ce mouvement international, qui s’investissait particulièrement pour l’unité entre les puissances alliées et l’Allemagne, avait engendré une ouverture d’esprit et une vague de changements. Heini se rendit à Caux avec un ami, sans savoir que ce séjour allait bouleverser sa vie.

Là-bas il fit l’expérience que, dans le silence, Dieu peut parler très clairement à chaque être humain. Il ressentit un appel à s’engager pour une Europe nouvelle et à donner la priorité dans sa vie aux directives divines, malgré toutes les attentes qui pesaient sur lui pour qu’il reprenne une des entreprises familiales. Un de ses premiers voyages avec le Réarmement Moral le conduisit en Scandinavie, et particulièrement en Finlande où il se fit des amis pour la vie. Un communiste lui dit alors: Vous me donnez l’espoir que même des capitalistes peuvent changer ».

Durant les années qui suivirent, Heini prit une part active dans les rencontres de l’été à Caux, entre autres la responsabilité des finances. Là, il a pu se faire une idée des besoins financiers d’un tel centre et fut profondément ému de constater que des gens du monde entier donnaient de l’argent de manière tout à fait désintéressée. A cette époque, Heini et ses trois sœurs héritèrent de la fortune familiale. Dans un moment de silence il eut très clairement la pensée de faire don de la plus grande partie de son héritage – une grosse somme – au centre de Caux. Le reste il l’utilisa lors de ses séjours en Afrique et dans bien d’autres pays.

Il aida aussi financièrement beaucoup de ses compagnons de route. Mais ses voyages et ses engagements furent brutalement interrompus par l’opération d’un cancer suivi d’une radiothérapie qui marquèrent son corps pour toujours. Une année après ces interventions, en 1964, Heini adressa une lettre à Rita Gutzwiller pour lui demander de devenir sa femme. Elle séjournait alors à San Francisco, et c’est à genoux qu’elle demanda à Dieu de lui inspirer une réponse. La pensée qui lui vint fut : « C’est à toi de décider de dire oui ou non. Tout le reste est dans ma main. » Ce que Rita ne pouvait alors deviner, c’est que Heini allait totalement guérir de son cancer, mais que dans les années qui suivirent il allait faire plus de vingt séjours à l’hôpital et que six fois il serait entre la vie et la mort.

A l’époque où Heini et Rita séjournaient à Vienne avec leur fille Christine, née en 1967, un homme politique lui déclara :« Si vous voulez vraiment faire quelque chose pour l’Autriche, alors il vous faut résoudre le problème du Tyrol du Sud ». Heini se rendit donc pour la première fois à Bolzano, capitale du Tyrol du Sud italien. C’était alors comme un pays occupé, avec des policiers à tous les coins de rue. Haine et amertume régnaient en maîtres entre les politiciens de langue italienne et ceux de langue allemande ainsi qu’au sein de la population. Dans les années qui suivirent, plusieurs délégations des deux groupes ethniques répondirent aux invitations de se rendre à Caux.

C’était un miracle que d’entendre le chef du gouvernement du Tyrol du Sud, Monsieur Magnago, et un dirigeant italien parler de réconciliation sur le podium de Caux. Le grand changement dans cette situation explosive intervint lorsque Heini accompagna deux hommes politiques, ennemis jurés au sein du parti populaire du Tyrol du Sud, à une rencontre en Irlande du Nord. Là-bas ces deux hommes réalisèrent que seul un accord avec la collectivité italienne pouvait résoudre leurs graves problèmes. Aujourd’hui le Tyrol du Sud est l’une des provinces les plus prospères et les plus calmes d’Italie.

Une autre sorte d’amitié naquit entre Heini et le cardinal König, alors archevêque de Vienne, durant les années qu’il passa dans cette ville. Lors de ses visites mensuelles, Heini apportait au cardinal des nouvelles de Caux. A plusieurs reprises ce dernier participa aux conférences de Caux et s’adressa, particulièrement aux jeunes, en leur présentant une grande vision. En 1973, toute la famille quitta l’Autriche et revint en Suisse.

Un groupe d’industriels demanda alors à Heini de devenir le coordinateur des conférences de Caux sur l’économie et l’industrie. Avec une bonne équipe, qui se retrouvait dans différentes villes - Paris, Londres, Copenhague, Gênes, New York ou Boston - ils préparaient les thèmes des conférences à venir. De là jaillit alors l’idée d’une Table Ronde à Caux à laquelle furent invités des chefs d’entreprises japonais, américains et européens, afin d’aborder ensemble les problèmes économiques les plus brûlants.

En considérant son parcours de vie, Heini écrivait : « A 11 ans, j’ai trouvé la foi grâce à un professeur qui nous avait parlé de Jésus et de Dieu. Quand j’étais à Caux, j’ai appris à écouter cette douce voix et à obéir aux directives de Dieu. Pendant des décennies, avec mon épouse Rita, mon but principal a été de transmettre le message de Frank Buchman et d’aider les gens à se laisser conduire par Dieu, mais aussi de prier pour ceux qui étaient dans le besoin. »

Remerciements par Georg Hartl, Vienne Pour les Autrichiens, il est important de dire un merci de tout cœur à Heinrich Karrer. Avec sa femme Rita, il travailla de 1967 jusqu’à 1973, en Autriche, en tant que collaborateur à plein temps d’Initiatives et Changement, le Réarmement Moral d’autrefois. Son poste lui permit de nouer de précieux contacts avec d’éminents personnages de l’Etat, de l’Eglise et de l’Économie. Plusieurs d’entre eux, entre autres l’archevêque d’alors, le cardinal Franz König, participèrent aux conférences de Caux.

L’engagement de Heini Karrer fut spécialement précieux pour la réconciliation entre les groupes ethniques de langue italienne et allemande dans le Tyrol du Sud (Italie du Nord). Lors des conférences de Caux concernant le Tyrol du Sud, les représentants des deux groupes purent travailler sur le plan humain dans des conditions qui furent décisives pour arriver à un accord. Malgré les excès de violence qui avaient eu lieu, cet accord conduisit à un développement pacifique de la situation.

Heini Karrer était à la foi un homme spirituel et politique, entièrement dévoué à Jésus Christ, décidé à marcher dans ses pas, à rechercher sa volonté et à l’exécuter. En même temps, il apporta la bonne nouvelle du changement et du renouvellement intérieurs de l’être humain là où elle était spécialement nécessaire, notamment dans la vie publique. Il accepta de prendre sur lui des responsabilités pour l’avenir et agit en conséquence. Il fut un ami fidèle mais aussi exigeant; son héritage est pour nous de continuer à porter le message du changement de l’être humain et de son engagement à vivre selon la direction de Dieu.

Article language

フランス語

Article type
Article year
2014
掲載許可
Non établi
掲載許可とは、FANWがこの記事の全文を本サイトに掲載する権利を有することを指します。
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