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Jean-Marc Duckert (1951-1998)

Avis de dècés Zig Zag 1999-02

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Nous aimerions exprimer notre immense reconnaissance à vous tous, amis de Suisse. Vos signes de soutien, d'affection et de foi nous portent encore. Jacques Duckert Jenny-Anne Maeder etfamille Eva et Daniel Duckert Jean-Marc a participé pendant 15 ans aux travaux de la Fondation pour le Réarmement moral - d'abord en Suisse, puis, après son mariage, de Suède et finalement de France.

Nous lui en sommes très reconnaissants. Beaucoup d'entre nous l'avons connu comme étant un chercheur - il voulait trouver la meilleure façon de transmettre dans ses contacts avec les autres, les expériences qu'il faisait dans sa propre vie. Ce qui le conduisit dans plusieurs régions du monde avec des équipes itinérantes du Réarmement moral. Au moment où Jean-Marc était très affaibli par la maladie et limité dans ses mouvements, il a témoigné d'un grand courage et a enrichi de nombreux amis, au près et au loin, par sa sensibilité et par sa qualité d'écoute et de partage. Nos pensées et nos prières vont vers Eva et vers Daniel avec lesquels nous poursuivons notre cheminement.

Marcel Grandy Lettre d'Eva Duckert d'Oxford en janvier 1999 Chers amis, C'est à Ormoy que Daniel et moi avons commencé la nouvelle année, entourés de nos amis. Nous avions passé notre premier Noël sans Jean-Marc à Oxford avec ma sœur et sa famille. Qu'il est précieux en de tels moments d'être avec ses proches et de partager avec eux peines et joies! Il était inévitable que nous vivions des moments douloureux de deuil et de larmes. Nous découvrons aussi qu'une douleur intense relève d'un tout autre registre que le malheur ou le désespoir. Nous avons pu pleinement saisir le merveilleux don de Dieu qu'est Noël: laisser le Christ pénétrer entièrement nos vies et nos cœurs. Il est vrai que nous avons été encouragés en cela par la chaleur et la sollicitude que nous avons reçues de vous tous. Et il est certain que l'esprit de Jean-Marc a également été présent parmi nous, et que tout cela nous a procuré de nombreux moments de joie profonde, de gratitude, et un sentiment d'accomplissement. Ceci dit, je ne pense pas que la douleur due au fait que Jean-Marc ne soit plus vivant parmi nous ira en diminuant au fil des semaines et des mois. Et je suis aussi très consciente du fait que Jean-Marc n'était pas seulement le père bien-aimé de Daniel, et pour moi un mari, un ami et un compagnon bien-aimé, mais qu'il était aussi le fils unique de Jacques et le seul frère de Jenny-Anne. En outre il s'était fait des frères de tant d'autres vivant dans des souffrances spirituelles, sociales ou matérielles.

II était membre d'une « famille mondiale » très vaste et très particulière, mais très ouverte aussi. « Le fait que tous appartiennent à une même famille sous le regard de Dieu est rarement visible, écrit Henry Nouwen. Notre tâche consiste à révéler cette vérité dans la réalité de la vie de chacun. }}La vie et la mort de Jean-Marc y ont contribué. Mais aussi et surtout votre soutien durant cette période, traduit en tant de gestes tangibles, a rendu cette vérité visible et réelle aux yeux de nombreuses personnes. Jean-Marc avait l'esprit étonnamment en paix, et ce de plus en plus au fil des jours. Vers la fin, il était comme libéré de lui-même et toujours plus sous l'emprise de l'esprit de Dieu. Mais je dois aussi vous dire que, jusqu'au dernier moment, en lui le combat a été terrible. Et c'est une pensée de l'aumônier de l'hôpital (qui a participé plus tard au service funèbre) qui a aidé Jean-Marc à trouver la paix. Sa vision était qu'en quittant cette terre et l'importante vocation qui était la sienne, Jean-Marc en amènerait beaucoup d'autres à suivre le chemin qu'il avait tracé - de la même façon que le peuple d'Israël a continué à suivre Moïse après sa mort. Bien que JeanMarc en soit venu à accepter l'idée de la mort, au point de la désirer, tant son corps et son esprit étaient épuisés, quelque chose en lui continuait à mener le combat de la vie. Il résistait à la mort. De tout con corps et de toute son âme, il résistait à la tentation d'abandonner la mission dont il sentait qu'elle lui avait été confiée par Dieu et pour laquelle il nourrissait tant d'amour et de passion. Il résistait aussi intensément à l'idée de laisser Daniel et tous ceux qu'il aimait tant ...

Jean-Marc nous manquera à tous, et de maintes manières. Pour Daniel et moi, les vides creusés dans notre vie quotidienne seront nombreux. . . . Maisje sais déjà que ce n'est pas dans ces aspects de la vie quotidienne (bien que la qualité de la vie soit aussi faite de ces moments-là) qu'il me manquera et me manque déjà le plus, mais bien dans l'engagement spirituel commun que nous partagions, et dans ce qui était devenu l'essentiel de notre vie: partager et nous inspirer l'un l'autre dans l'accomplissement de notre vocation au service de la croissance spirituelle des autres, et du développement des situations qui nous tenaient à cœur. Mais paradoxalement, c'est dans ce domaine que je sens encore le plus sa présence, une présence infiniment précieuse. Il y a une dizaine de jours, j'ai revu le docteur qui, avec tant de sollicitude, avait soigné Jean-Marc (ainsi que Daniel et moi, en un certain sens) durant ce dernier mois à l'hôpital. C'est un homme d'un certain âge, doué d'une très grande finesse! et dont la foi et l'engagement chrétien sont solides. Il m'a dit lors de ce long entretien qu'il m'avait proposé après la mort de Jean-Marc: «Votre mission continue AVEC votre mari. » Et je sens combien c'est vrai. Cinq jours avant qu'il ait fallu emmener Jean-Marc d'urgence à l'hôpital d'Etampes, j'avais écrit dans mon carnet, lors de mon moment de silence quotidien: « Je peux vivre sans Jean-Marc. Je peux vivre sans lui pratiquement et émotionnellement, aussi dur que cela soit, maisje ne PEUX PAS accomplir ma vocation spirituelle sans lui. Non pas que ma foi dépende de la sienne, mais à cause de l'appel commun auquel nous sommes tenus par les liens du mariage.» J'avais pris cette pensée pour une promesse de joie et d'accomplissement, comme une assurance que Jean-Marc irait mieux et que nous pourrions poursuivre l'œuvre créatrice que nous aimions tant. Par la suite, durant son hospitalisation,j'ai compris que je ne devais pas attendre que Jean-Marc aille mieux pour prendre cette pensée au sérieux. Cela a enrichi chaque moment à l'hôpital, aussi bien les rencontres avec d'autres (personnel soignant ou visiteurs) que les moments de prière que nous avions tous les deux. Ces paroles du médecin m'ont aidée à comprendre que cette vocation continue et qu'elle est éternelle. Quels que soient les changements qui se produiront dans ma vie, cette communion avec Jean-Marc demeurera. n me prenait au sérieux ..

• Anne-Marie Tate Jeudi 10 décembre, dans la vieille église romane de St Martin d'Etampes, nous avons dit un dernier au revoir à notre ami et compagnon Jean-Marc Duckert Une cérémonie à la fois sobre et d'une grande dignité, animée conjointement par le Pasteur Hamon, aumônier des hôpitaux, et le Père Gatineau, curé de la paroisse. Jean-Marc est décédé le 3 décembre, à l'hôpital d'Etampes. Il avait quarante-sept ans. Suisse, élevé à Caux, établi en France depuis 1992 avec son épouse suédoise Eva et leur fils Daniel, Jean-Marc avait rejoint Gérard Gigand dans l'aventure de « L'Attente ». Par cette association, Gérard et Jean-Marc voulaient accompagner des personnes marginalisées par le chômage, ou d'autres problèmes, dans leur tentative de ré-insertion dans le monde du travail, et cela dans le cadre d'une entreprise de construction qu'ils avaient fondée. Comment dépeindre Jean-Marc?

Laissons l'un de ses amis les plus proches, Andrew Stallybrass, tracer son portrait: « Comme certains parmi nous, Jean-Marc est entré assez jeune dans la vie de permanent du Réarmement moral, sans formation, sans diplôme. Et ensuite, combien de tâches, d'activités, de métiers n 'a-t-il pas accomplis: batteur - oui, il était batteur dans le petit « orchestre » d'une de nos revues musicales - technicien, acteur, chanteur, metteur en scène, menuisier, électricien, graphiste, maquettiste, éditeur; animateur de groupes, organisateur de conférences, conférencier; accompagnateur, bâtisseur, sans oublier son rôle d'époux et de père... une liste sans fin. Une vie coupée court, et nous voyons maintenant, je vois, des vies, nos vies, marquées en profondeur. C'est là tout le mystère. Ce n'était pas le fait de ses qualités, de ses charismes. Mais sa propre vie avait été touchée par la grâce, par Dieu. Au revoir. » Après le service religieux, Eva et Daniel avaient souhaité que tous les amis de Jean-Marc présents puissent évoquer son souvenir autour d'un repas merveilleusement organisé dans une salle municipale proche. Combien de témoignages ont été partagés, par des parents et amis, de Scandinavie, de Suisse, de Hollande, de France, d'Allemagne! ... Mais, bien sûr, ce qui nous est allé droit au cœur ont été ceux d'Eva et de Daniel. «Mon père m'a toujours pris au sérieux, » dit Daniel en exprimant sa reconnaissance. Une petite anecdote avait marqué ce jeune homme d'aujourd'hui dix-huit ans : lorsqu'il avait six ans, son père était venu le chercher, un jour, à la sortie de l'école et l'avait emmené déjeuner dans une pizzeria. «Nous allons maintenant avoir une conversation entre hommes, » lui avait-il dit.

Merci Daniel, d'avoir su nous faire partager ce que votre père vous a laissé. Merci Eva, de nous avoir permis de vivre avec vous la peine, l'espoir, le combat que ces derniers mois ont été pour vous.

Article language

German

Article type
Article year
1999
Publishing permission
Accordé
Publishing permission refers to the rights of FANW to publish the full text of this article on this website.
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