C'est la rencontre avec un dirigeant sud-africain qui a donné à Meryl une vision ce ce qu'elle pouvait faire pour son pays.
J'ai grandi dans une famille chrétienne et j'ai été confirmée dans l'église, mais l'idée que, à notre époque, Dieu puisse me communiquer des pensées, et que l'on pouvait recevoir une direction précise venant de sa propre voix intérieure était toute nouvelle pour moi.
Je pensais que cela n'était arrivé qu'aux prophètes de la Bible.
C'est à Caux, en Suisse, où je prenais part à une rencontre avec des centaines de personnes que je fis mon premier essai de ce moment de silence. Une de mes compagnes de chambre m'avait suggéré d'examiner ma vie à la lumière de critères moraux absolus : l'honnêteté, la pureté, le désintéressement et l'amour absolus. Cela a été le début d'un long voyage. Il m'est venu alors des pensées claires et simples, et je savais qu'elles ne venaient pas de moi, parce que ce n'étaient pas des choses que j'avais envie de faire.
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Etre honnête avec mes parents, en particulier avec mon père à qui j'avais volé des cigarettes.
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Ecrire à une maîtresse de géographie pour lui dire que j'avais triché à deux examens.
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Vivre sans me préoccuper de ce que les autres pensent de moi, en particulier mes camarades.
Ce fut une expérience libératrice et cela m'a mis sur un chemin où je désirais vivre selon la volonté de Dieu et non selon la mienne (même si je n'y suis pas toujours parvenue).
Environ six mois plus tard, mon ami suggéra que nous avions besoin de voir si la volonté de Dieu était au centre de notre relation. Cela m'a fâchée car je ne voulais pas le perdre. Je me suis battue avec Dieu et j'ai refusé d'écouter, au cas où Il me dirait ce que je n'avais pas envie d'entendre. Cela a duré une semaine. A la fin, j'avais l'impression de jouer au tennis toute seule et d'avoir envoyé toutes les balles de l'autre côté du court. J'ai demandé à Dieu à genoux de me montrer Sa volonté. Très clairement la pensée me vint : «Laisse-le tranquille (mon ami) avec tes sentiments et ta volonté propre, et je prendrai soin de votre avenir à tous deux ».
Nous avons rompu.
En même temps j'ai senti que j'étais appelée à abandonner ma formation d'enseignante et à donner tout mon temps pour le travail avec le Réarmement Moral (actuel Initiatives et Changement). Je l'ai fait et cela m'a amené à travailler pendant deux ans environ dans un centre de rencontres du Réarmement Moral en Angleterre, puis pendant trois ans et demi en Amérique du Sud.
Alors que je me trouvais à Thirley Garth, un centre I&C au nord-ouest de l'Angleterre, nous eûmes la visite d'une délégation sud-africaine avec des blancs et des noirs. Parmi eux le Dr William NKomo qui avait joué un rôle important dans les débuts de la Ligue de la Jeunesse du Congrès National Africain. Peu avant sa visite en Angleterre et en Irlande du Nord, il avait vécu une expérience humiliante, celle d'avoir été frappé au visage par un policier blanc pour une infraction mineure au code de la route. Il était resté aveugle d'un oeil. Je craignais de le rencontrer, car j'avais le sentiment qu'il allait me blâmer, moi et ma race pour ce qui lui était arrivé. Pourtant, je fus invitée à partager un repas avec lui et d'autres Sud-Africains, et je me trouvais assise à côté de lui. Je ne prononçai pas un mot de tout le repas. A la fin du repas, il se tourna vers moi comme un père plein de sollicitude et me dit : « La réponse pour l'Afrique du Sud viendra de gens tels que vous qui sont déterminés à se battre sans relâche et qui n'ont pas peur (qui ne craignent rien) ». Dans les années qui ont suivi, alors que j'étais de retour en Afrique du Sud et que je tentais de vivre pour faire changer les choses et cela sous le système de l'apartheid, ces mots ont souvent constitué pour moi un défi bien nécessaire.
Cinq ans après ma rupture avec mon ami, Dieu nous a préparés tous deux pour le mariage (alors même que nous vivions à ce moment sur deux continents différents). Je reçus de lui (Peter) une lettre de demande en mariage et six mois plus tard nous étions mariés. Cela fait plus de quarante ans !
Parmi bien des défis et des aventures dans notre vie de couple, on nous a demandé de collaborer pendant quatre mois au programme d'I&C « Action for Life » en Inde Ce fut une expérience très enrichissante.
C'est alors qu'un ami m'a demandé si j'envisagerais de prendre un poste d'enseignante dans une école maternelle Montessori dans ma ville natale en Afrique du Sud. Après un long débat intérieur et après avoir consulté ma famille et mes amis, j'ai senti que Dieu m'encourageais en me disant : « Tu as renoncé à l'enseignement pour Moi il y a bien des années, maintenant je te le rends ». C'est donc au milieu de la cinquantaine que j'ai repris mes études. Mes neuf années en tant qu'enseignante au niveau maternel ont été très gratifiantes, et je les ai vécues avec le sentiment que c'était une prolongation (extension) de l'appel que Dieu m'avait mis au coeur, celui de faire changer les choses en vivant dans l'amour et la compassion. J'ai tellement appris des enfants. Un jour une personne m'a demandé quelle était la proportion d'enfants noirs et blancs dans notre école. Je n'ai pas su lui répondre. Honnêtement, je n'y avais pas pris garde. Ils étaient juste des enfants pleins d'énergie. Et en temps que Sud-Africaine, avec un passé de séparation imposée par l'apartheid, je vivais cela avec une intensité d'autant plus forte.
Une autre expérience s'est présentée comme un défi il y a cinq ans quand on m'a diagnostiqué un cancer du sein. Ce fut un choc totalement inattendu car je n'avais aucun symptôme qui pouvait m'amener à croire que quelque chose clochait. Et soudainement j'étais confrontée à ma fragilité et à ma condition inévitable de créature mortelle. S'en est suivi un long parcours où j'ai dû affronter mes peurs et décider encore et toujours de faire confiance à Dieu
Tel est à ce jours mon parcours de vie, avec bien des tournants et des pierres d'achoppement. Quel voyage ! Je me sens bénie.
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