Les parents de Dorli étaient typiquement zurichois, protestants, commerçants et prospères. La tradition familiale de la mode et du sens des affaires est également devenue une des caractéristiques de Dorli. Une forte énergie était une des marques de sa personnalité. Les années 30 difficiles arrivent avec la grande crise économique. Son père tomba malade et Dorli travailla avec sa mère adorée et son frère aîné Otto dans l'entreprise familiale Gassmann à la Poste et dans la Bahnhofstrasse.
Au milieu de la Seconde Guerre mondiale, en 1941, elle épouse Robert Hahnloser, issu d'une famille d'entrepreneurs. Pendant les années de guerre, son mari bien-aimé a passé une grande partie de son temps au service actif, comme des centaines de milliers d'autres hommes suisses. C'est durant cette période que leurs quatre enfants sont venus au monde, Ruedi, moi, Ueli, sagement tous les deux ans, et enfin Thomi aux cheveux roux en 1949. Dora et Robert ont rencontré le Groupe d'Oxford avec son fondateur, l'Américain Frank Buchman, dès le milieu des années 1930. Cette rencontre a eu un impact certain sur l'avenir de chacun d'eux. Avec leurs amis, le jeune couple suisse Hélène et Philippe Mottu et Emmy et Erich Peyer, ils ont pris l'initiative, après la guerre, de créer le Centre de Réarmement Moral à Caux, au-dessus du magnifique paysage du lac Léman.
Ils l'ont fait parce qu'ils étaient convaincus que la Suisse, restée en dehors de la guerre, devait apporter une contribution particulière à la reconstruction de l'Europe et à la réunification des peuples. Lorsqu'ils ont fondé Caux avec leurs camarades combattants, il ne s'agissait pas d'une organisation. En hommes d'affaires avisés, ils ont tous deux vu la possibilité de mettre en pratique, au niveau mondial, l'amour du prochain qui peut changer le cours de l'histoire, vivre efficacement le pardon et promouvoir la paix. Ils devinrent ainsi des pionniers, dont l'action se fait encore sentir aujourd'hui. À une époque où l'on nous rappelle que nos dirigeants ont besoin d'une vision, ils en avaient une. A une époque où l'on insiste sur le fait que la société a besoin de valeurs éthiques pour assurer sa pérennité, ils se sont engagés sur des critères moraux. A l'heure où il est écrit qu'il faut une globalisation de l'amour du prochain, ils l'ont déjà démontré de manière crédible au milieu du siècle. Bien trop tôt, après seulement neuf ans de mariage, son mari, s'éteint définitivement au printemps 1950. Dorli se retrouve seule avec quatre garçons. Thomi n'avait que six mois. Son engagement spirituel intérieur envers les valeurs morales, sa foi profonde et l'aide de nombreux amis, qui pleurent aujourd'hui, lui ont donné la force de façonner sa vie et de poursuivre sa mission dans la famille et au service du Réarmement moral. Mais en réalité la mort prématurée de son mari fut la croix de sa vie, qu'elle porta péniblement jusqu'au bout.
Elle adorait le défi. La diversité de ses relations humaines, familiales, amicales, les turbulences du 20ème siècle, les jours de bonheur mais aussi de souffrance, l'effort et la lutte pour des valeurs idéales, morales et spirituelles, l'appréciation, tout cela a contribué à la richesse de sa vie. Cela lui a permis de mûrir et de devenir une forte personnalité, d'où jaillissent parfois des étincelles. Sa foi chrétienne était vraie et vécue. Parmi les nombreux messages venus du monde entier, celui d'Inde résume ce que l'activité de Dorli signifiait surtout à Caux mais aussi dans le monde. Elle était présente à Caux, été après été, et quelle présence ! De combien de personnes n'a-t-elle pas pris soin et combien n'a-t-elle pas inspiré. Elle représentait le meilleur de l'Europe d'après-guerre et sa génération visionnaire et clairvoyante. En hôtesse gracieuse, elle recevait à Caux les rois, les chefs d'État et les gens de tous horizons. Son rayonnement avait cette chaleur divine supplémentaire qui aidait les gens de toutes les couleurs, races et classes à se sentir chez eux.
Elle est décédée en 1997. La vie de Dorli, racontée par son fils Georg lors du service funèbre à l'église Fraumünster de Zurich et prêchée par le pasteur Jörg Gutzwiller, donne une image vivante et réelle de la personnalité de Dorli. La plupart des gens ont connu Dorli à différentes étapes de sa vie et en gardent de vifs souvenirs.